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La coopération artisanale : un pour tous, tous pour un

Les premières coopératives permanentes et organisées apparaissent en Europe au milieu du XIXe siècle. Leur reconnaissance légale en France intervient au début du XXe siècle, ce qui favorise alors leur essor. Dans le secteur artisanal, « La coopération représente aujourd’hui 1,2 milliards€ de CA et environ 60 000 entreprises adhérentes » souligne Michel Pernin, artisan charpentier et président de la Fédération française des coopératives et groupements d’artisans (FFCGA).

Qu’est-ce qu’une coopérative artisanale ? Il s’agit d’une société de personnes dont les membres, des artisans, sont immatriculés au répertoire des métiers (75% au moins) et qui se regroupent pour développer leur activité par la mise en commun de leurs moyens.

Comment ? Tout d’abord par la réduction du prix d’achat des produits ou services qu’ils utilisent. C’est par exemple l’objectif de la Société coopérative des artisans ruraux (SCAR). La SCAR, qui existe depuis 1978, regroupe 450 artisans adhérents. Occupant une position de force, elle est à même de leur proposer « des prix d’achat particulièrement attractifs et des moyens logistiques importants avec deux entrepôts à Rennes et à Saintes », relève Eddy Chollet, artisan et directeur général du conseil d’administration de la SCAR. Elle apporte en outre un service de veille technologique et de conseils aux artisans membres.

Autre point fort de la coopérative : contribuer à la promotion des activités économiques de ses adhérents. C’est l’objectif des Artisans à domicile d’Alsace, créée fin 2010. « Un paysagiste qui souhaite proposer un service d’entretien d’espaces verts à ses clients avec l’avantage fiscal des services à la personne a aujourd’hui deux possibilités : soit constituer une autre société afin d’obtenir un agrément et  faire ainsi bénéficier à ses propres clients des avantages fiscaux liés aux services à la personne, soit devenir sociétaire d’une coopérative, qui, elle, détient un agrément, et pourra alors la fera intervenir », explique Raphaël Diebold, responsable administratif et financier de cette coopérative basée à Colmar, qui s’est donc positionnée sur la défiscalisation de certaines prestations (petits travaux de jardinage et bricolage, cours à domicile, assistance administrative,…). Cette solution, qui simplifie particulièrement les démarches administratives de l’artisan, a déjà séduit près de 70 d’entre eux sur la région. Quant à la structure coopérative, elle apporte au client final l’assurance de travailler avec de vrais professionnels, inscrits au répertoire des métiers.

Les artisans peuvent enfin se regrouper pour prendre de plus gros marchés. Dans le bâtiment par exemple, où le secteur coopératif a connu un véritable essor après la première guerre mondiale, l’Union française des coopératives artisanale de construction (UFCAC) regroupe aujourd’hui 40 coopératives qui intègrent chacune l’ensemble des corps d’état de la filière et tirent parti de leur implantation locale pour proposer des maisons « clés en main » ou des rénovations globales. « En éliminant les intermédiaire, nous gagnons en compétitivité et pouvons améliorer notre offre et la qualité des matériaux utilisés », rappelle Pascal Sicot, président de l’UFCAC. Cette dernière accompagne les nouvelles coopératives, leur apportant conseil, formation et soutien auprès des pouvoirs publics et des organisations professionnelles.

La coopérative permet ainsi aux entreprises membres de conserver une activité et une clientèle en propre, tout en bénéficiant des outils de développement d’un système collectif. Le mode de fonctionnement reste très souple, le capital variable permettant les entrées et sorties de membres pour assurer la pérennité de la structure, sans contraintes ni formalisme. Les gains sur les fonctions achat et commercialisation en sont indéniablement les avantages substantiels.